Quand on parle de succession, il est fréquent de se demander : « Que va devenir mon contrat d’assurance-vie à mon décès ? » Le contrat d’assurance-vie est un produit d’épargne très répandu en France : il permet non seulement de faire fructifier un capital, mais aussi de désigner un ou plusieurs bénéficiaires qui recevront le capital à votre décès.
L’enjeu : selon la date des versements, l’âge du souscripteur et la qualité du bénéficiaire, la fiscalité appliquée peut varier fortement. Mieux comprendre ces règles peut permettre d’optimiser sa transmission de patrimoine.

Le régime fiscal de l’assurance-vie au décès : les grandes règles

Les sommes versées avant 70 ans du souscripteur : abattement et taux spécifiques

Lorsque les primes (versements) ont été effectués alors que le souscripteur avait moins de 70 ans, chaque bénéficiaire bénéficie d’un abattement de 152 500 € sur les capitaux reçus. Carac+3Mon Petit Placement+3Meilleurtaux Placement+3
Au-delà de cet abattement :

  • un taux de 20 % s’applique sur la tranche entre l’abattement et un certain plafond (par exemple jusqu’à ~700 000 € selon les sources) Malakoff Humanis+2Mon Petit Placement+2
  • puis un taux de 31,25 % au-delà de ce plafond Macif+1
    ➡️ Exemple : Vous versez majoritairement avant 70 ans, vous nommez un enfant comme bénéficiaire : il peut recevoir jusqu’à 152 500 € sans impôt spécifique.

Les sommes versées après 70 ans : abattement global et droits de succession classiques

Si les versements ont été effectués après que le souscripteur ait atteint 70 ans, alors :

  • un abattement global de 30 500 € est appliqué (tous contrats, tous bénéficiaires confondus). Malakoff Humanis+2Macif+2
  • au-delà, les sommes sont soumises aux droits de succession standards, selon le lien de parenté avec le défunt. Mon Petit Placement+1
    Les intérêts générés dans le contrat restent, dans la plupart des cas, exonérés de droits de succession. Macif+1

Cas de l’exonération : conjoint, partenaire de PACS et quelques héritiers privilégiés

Le conjoint survivant ou le partenaire de PACS (sous certaines conditions) est généralement exonéré de la fiscalité de l’assurance-vie au décès du souscripteur, quels que soient les montants et la date des versements. afer.fr+2Malakoff Humanis+2
D’autres bénéficiaires comme les frères et sœurs peuvent aussi être exonérés mais sous conditions strictes (âge, revenus, situation de handicaps…) Mon Petit Placement

Déclaration et formalités à respecter

Quand le souscripteur décède, les bénéficiaires doivent souvent remplir un formulaire spécifique : le formulaire n° 2705-A (« Déclaration partielle de succession – assurance-vie ») pour chaque contrat relevant. impots.gouv.fr+1
Les capitaux transmis via l’assurance-vie peuvent être « hors succession » dans le sens qu’ils ne rentrent pas dans l’actif successoral classique, selon l’article L132-13 du Code des assurances. Chambre de Paris+1

Quelques exemples concrets pour bien visualiser

Exemple 1 : versements avant 70 ans, un enfant comme bénéficiaire

M. Durand place 300 000 € en assurance-vie avant ses 70 ans. Il désigne son fils comme seul bénéficiaire. À son décès, son fils pourra bénéficier d’un abattement de 152 500 €. Sur les 147 500 € restants : taux de 20 % s’applique, soit 29 500 € d’impôt spécifique. Résultat : le fils reçoit 270 500 € nets d’impôt spécifique (hors droits de succession classiques).

Exemple 2 : versements après 70 ans, plusieurs bénéficiaires

Mme Martin place 100 000 € après 70 ans, et désigne deux bénéficiaires (un enfant et un tiers). À son décès, un abattement unique de 30 500 € s’applique à l’ensemble des bénéficiaires. Supposons un capital transmis de 120 000 €. 120 000 € − 30 500 € = 89 500 € à intégrer dans la succession selon les droits de succession classiques. Les intérêts sont exonérés.

Exemple 3 : clause bénéficiaire non-héritier et impact fiscal

Monsieur X désigne une association ou un ami comme bénéficiaire de son contrat d’assurance-vie, après des versements réalisés avant ses 70 ans. Ce bénéficiaire non-héritier bénéficie aussi de l’abattement de 152 500 €, mais au-delà il sera soumis aux taux spécifiques (20 %, puis 31,25 %). Cela offre une opportunité de transmission hors ligne directe, mais il faut en connaître les implications.

Optimisation & bonnes pratiques à adopter

Bien choisir sa clause bénéficiaire

La clause bénéficiaire définit qui recevra le capital au décès. Il est important de la rédiger avec soin (ex : « mes enfants », « mon conjoint », « X pour Y\ ») et de la mettre à jour en cas de changement familial : mariage, pacs, naissance, divorce. Une clause mal rédigée peut entraîner des litiges ou un traitement fiscal moins avantageux.

Penser à l’âge des versements et à la date de souscription

Vous pouvez optimiser la fiscalité en favorisant les versements avant l’âge de 70 ans puisque le régime est plus favorable. Si vous êtes proche ou après 70 ans, tenez compte du plafonnement moindre (30 500 €) et des droits de succession classiques. De même, la date de souscription du contrat peut influencer l’imposition. Macif+1

Anticiper la succession et diversifier les supports de transmission

Même si l’assurance-vie offre un régime fiscal avantageux, elle ne doit pas être l’unique outil de transmission. Pensez à :

  • Intégrer l’assurance-vie dans une stratégie globale de transmission (donations, testaments, SCI, etc.).
  • Vérifier les bénéficiaires et leurs parts.
  • Réaliser un point régulier sur vos versements, l’évolution patrimoniale, l’impact fiscal.
  • En cas de patrimoine important, faire intervenir un professionnel (notaire, conseiller en gestion de patrimoine) afin d’optimiser et sécuriser.

Conclusion : ce qu’il faut retenir

L’assurance-vie est un outil puissant pour transmettre du capital, hors succession classique, et avec une fiscalité souvent beaucoup plus avantageuse. Néanmoins :

  • L’âge des versements (avant ou après 70 ans), l’identité du bénéficiaire, la date de souscription sont des éléments déterminants.
  • Chaque bénéficiaire peut bénéficier d’un abattement (152 500 € pour versements avant 70 ans) ou il existe un abattement global (30 500 €) pour les versements après 70 ans.
  • Le conjoint ou partenaire de PACS est souvent totalement exonéré.
  • Il est essentiel de bien rédiger sa clause bénéficiaire, de déclarer les contrats dans les délais, et d’anticiper la transmission.

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